Pourquoi Benoît XVI a-t-il voulu béatifier lui-même le cardinal Newman?

Publié le par silvio

Mdb Dans un long entretien accordé à la Croix, monseigneur de Berranger, évêque émérite de Saint-Denis, nous fait découvrir le nouveau bienheureux qu'il connaît remarquablement bien. Les propos de cet évêque touchent leur cible et montrent toute l'actualité du cardinal Newman et combien il reprend de nombreux thèmes si chers à Benoît XVI et qui jalonnent son pontificat. Des lignes à ne pas manquer - surtout pour lire entre elles - pour y trouver des raisons pour lesquelles le Successeur de Pierre "s'est gardé" cette béatification.

"La conscience est ce qu’il y a de plus déterminant dans la figure de Newman. c’est quelqu’un qui parle à la conscience de notre humanité – non seulement pour l’Eglise mais bien au delà des seuls cercles chrétiens - et par là rejoint nos contemporains dans ce qu’ils ont de plus caché : Newman est d’abord une intelligence personnelle, et non l’homme d’une école. C’est surtout une personne et un cœur qui s’adressent à d’autres cœurs, selon sa devise…

Mais il s’adresse aussi à l’intelligence. Et par delà le cœur et l’intelligence, il s’adresse aussi à la conscience qu’est-ce qui est juste ? qu’est-ce qui est bon pour l’homme ? qu’est-ce qui est de l’ordre de la créature - une créature qui doit répondre dans son existence et à travers tout l’itinéraire de sa vie à celui qui l’appelle ? (...)

La tradition pour lui est une continuité féconde. Il donne les critères objectifs qu’il a découverts progressivement dans sa recherche et qui permettent de discerner le vrai développement du faux : un développement qui est vraiment conduit par l’Esprit dans l’Eglise, d’excroissances qui seraient des dérives. C’est cela qui lui permet d’établir avec une grande fermeté l’authenticité du développement et cela le conduira à reconnaître non seulement dans la succession apostolique comme le faisaient ses amis du mouvement d’Oxford, mais aussi dans la succession de Pierre, le mystère du pape. Ce sera déterminant dans sa deuxième conversion si l’on peut dire. (...)

Il nous enseigne un goût, une ouverture à plus grand : ne rien obturer de ce qui gênerait ce contact de l’homme dans sa spiritualité profonde, qu’elle soit chrétienne ou non, avec la vérité, qui est Jésus-Christ chez lui. (...)

B16 Il dérangeait parce qu’il était vrai. Il n’était pas l’homme d’une école, d’une pensée unique. Il suivait cette boussole de l’Esprit Saint dont il était convaincu qu’elle guidait l’Eglise, mais qu’elle le guidait aussi dans son itinéraire personnel et historique. C’est cela qui dérangeait les autres. Heureusement que Léon XIII a discerné que Newman était beaucoup plus grand que ce qu’on en racontait. (...)

Là aussi il est assez déconcertant. Pour lui il n’y a pas de sainteté sans certitude. Pour l’esprit moderne cela peut paraître très déconcertant. Il a été un chercheur, il ne sait jamais contenté des positions acquises, il n’a cessé de poursuivre sa quête de vérité… mais c’était à partir d’une certitude absolue de la présence du Créateur à sa conscience et de la révélation de la vérité en Jésus Christ. Et ce fut chez lui la pierre qui lui a permis d’aller jusqu’au bout de son itinéraire et de ne pas se décourager malgré toutes les épreuves qui ne lui ont pas été épargnées avant et après son passage au catholicisme.

Cependant il dit que la sainteté c’est vraiment aimer le Christ, le suivre, le servir, et ne jamais se laisser abattre malgré tant d’épreuves – et il avait une sensibilité qui lui faisait ressentir les épreuves de manière puissante et douloureuse - malgré cela, cette certitude est plus forte que tout.

JhnDans certaines crises récentes, certains catholiques dans les pays d’Europe se disent aujourd’hui : puisque c’est ainsi, je reprends mes billes… Pour lui c’était impensable ! à partir du moment où il y a la certitude que le Christ est venu et s’adresse à nous par la sacramentalité de l’Eglise, bien que cette Eglise est faite d’hommes faillibles et pécheurs – il ne confondait pas les deux d’ailleurs - c’est quand même l’Eglise de Jésus Christ donc il ne quittera pas le navire au moment où il prend l’eau. Chez lui, il y avait une certitude centrale.

Moi aussi je m’étonne aujourd’hui que pour un oui ou non on est prêt à remettre en cause son adhésion à l’Eglise, la fidélité qu’on avait à son égard. L’Eglise n’a à nous donner que Jésus Christ. Soyons exigeant à son égard mais aimons-la assez pour lui permettre de nous permettre d’être témoin de JC, et commençons par nous-mêmes, c’est cela la sainteté".

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