"Nous devons penser non plus à partir du ‘moi' mais du ‘nous'."

Publié le par silvio

Extrait de l'homélie du Saint-Père  le jour de la Solennité du Corps et du Sang du Christ

"Aujourd'hui, nous célébrons la Solennité du Corps et du Sang de Notre Seigneur. Corpus Christi, le nom donné en Occident à la fête d'aujourd'hui, est utilisé dans la Tradition de l'Église pour désigner trois réalités distinctes : le corps physique de Jésus, né de la Vierge Marie, son corps eucharistique, le pain du ciel qui nous nourrit dans ce grand sacrement, et son corps ecclésial, l'Église. En réfléchissant sur ces différents aspects du Corpus Christi, nous pouvons parvenir à une compréhension plus profonde du mystère de communion qui lie ensemble tous ceux qui appartiennent à l'Église. Tous ceux qui se nourrissent du corps et du sang du Christ dans l'Eucharistie sont « rassemblés dans l'unité par l'Esprit Saint » (Prière eucharistique n°2) pour former le saint et unique peuple de Dieu. Tout comme l'Esprit Saint est descendu sur les Apôtres dans la Chambre haute à Jérusalem, ainsi le même Esprit Saint a une double action dans chaque célébration de la Messe : sanctifier les dons que sont le pain et le vin, afin qu'ils deviennent le corps et le sang du Christ, et combler tous ceux qui sont nourris par ces saints dons, afin qu'ils deviennent un seul corps et un seul esprit dans le Christ.

Saint Augustin exprime ce processus magnifiquement (cf. Sermon 272). Il nous rappelle que le pain n'est pas fabriqué à partir d'un seul grain, mais d'un grand nombre. Avant que tous ces grains ne deviennent du pain, ils doivent être moulus. Il fait ici allusion à l'exorcisme auquel les catéchumènes doivent se soumettre avant leur baptême. Chacun de nous qui appartenons à l'Église a besoin de sortir du monde clos de son individualité et d'accepter le ‘compagnonnage' des autres, qui « partagent le pain » avec nous. Nous devons penser non plus à partir du ‘moi' mais du ‘nous'. C'est pourquoi tous les jours, nous prions ‘notre' Père, pour ‘notre' pain quotidien. Abattre les barrières entre nous et nos voisins est le préalable premier pour entrer dans la vie divine à laquelle nous sommes appelés. Nous avons besoin d'être libérés de tout ce qui nous enferme et nous isole : crainte et défiance vis-à-vis des autres, avidité et égoïsme, mauvaise volonté pour prendre le risque de la vulnérabilité à laquelle nous nous exposons lorsque nous nous ouvrons à l'amour.

Les grains de blé, une fois écrasés, sont mélangés dans la pâte et cuits. Ici, saint Augustin fait référence à l'immersion dans les eaux baptismales suivie par le don sacramentel du Saint Esprit, qui embrase le cœur des fidèles avec le feu de l'amour de Dieu. Ce processus qui unit et transforme les grains isolés en un seul pain nous procure une image suggestive de l'action unifiante de l'Esprit Saint sur les membres de l'Église, réalisée de façon éminente à travers la célébration de l'Eucharistie. Ceux qui prennent part à ce grand sacrement deviennent le Corps ecclésial du Christ alors qu'ils se nourrissent de son Corps eucharistique. « Sois ce que tu peux voir », dit saint Augustin en les encourageant, « et reçois ce que tu es »."

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